Stéphane Fauchille ou la magie inventive des images du monde

Dans l’ignorance assumée des limites mentales et dans l’invention sidérante de ses trouvailles graphiques, l’effervescence créatrice est le constant territoire d’art de Stéphane Fauchille. Fluide et sensible, sa chromatique raffinée oxygène l’étendue.
Vibratoire, son art généreux, loufoque, incandescent, ironique et jubilatoire, s’élance d’abord d’un repère culturel universel reconnu, comme, par exemple, une brave divinité égyptienne, un sympathique bonhomme Michelin, un historique Radeau parfaitement médusé, ou encore, privilégiée souvent, la figure naïve, familière et magique de l’indigène respecté, emblème central de l’heureuse constellation éclatée de chacune de ses peintures. A partir de quoi, ce rêveur de vie haute invente à tout va, et dans un étonnant parcours à surprises, recule à l’infini les frontières de l’imaginaire. D’où l’extraordinaire impact de sa passion vitale pour les images, tant il étreint à vif la diversité des icônes inspirées du monde.
L’art de Stéphane Fauchille est sans menottes mentales, sans béquille idéologique, et sans carcan religieux. Art de partage et d’élan, drolatique et apaisant, et d’une souplesse inventive et voyageuse. Il n’y a jamais d’agressivité dans ses partitions jouissives et libertaires. Piocheur fabuleux, toujours en totale liberté créatrice, il expérimente ludiquement dans les méandres épars de notre histoire vécue.
Sa figuration ouverte et plurielle accidente le cours paisible de l’attendu, et saccage en fulgurance la sclérose fatiguée des surfaces. Mais Stéphane Fauchille, beau veilleur d’humanité, contrôle à merveille, et garde au profond le sens de l’échange vrai, et celui des merveilles ténues à voir et à faire voir. Chez lui, pas de centre dominant, et l’œil partout vagabonde.
Et chaque œuvre vive naît d’une agissante et magistrale féerie.

Christian Noorbergen